Comment acheminer les produits bio du territoire en limitant au maximum l’empreinte carbone ? C’est le défi relevé par le Hub éthique. Installé depuis 2022, le Hub éthique sillonne les routes d’Ille-et-Vilaine dans un rayon de 70 kilomètres autour de Rennes avec un objectif : contribuer à la résilience du territoire. Rencontre avec l’un de ses fondateurs, Arnaud Michel.
Du producteur au distributeur, vous facilitez l’acheminement des produits bio du pays de Rennes, concrètement, qu’est-ce que cela veut dire ?
Nous proposons à nos client.es, les producteurs et productrices bio du territoire, de collecter sur leurs fermes leurs produits pour les dispatcher sur tous les points de vente. Avec l’objectif de réduire au maximum notre empreinte carbone.
En 2023, nous avons transporté 450 tonnes de produits bio vers 250 points de distribution dont tous les magasins Biocoop d’Ille-et-Vilaine, des épiceries de quartier qui s’approvisionnent en local et de nombreuses restaurations collectives dans tout le département d’Ille-et-Vilaine.
Vous avez pour ambition de limiter l’empreinte carbone du transport logistique, comment vous y prenez-vous ?
En mutualisant la logistique, c’est-à-dire la gestion du stockage et l’optimisation des déplacements, nous organisons des tournées les plus sobres possibles. Pour cela nous disposons d’un espace de stockage avec chambre froide de 300 m² à Pacé. Nous avons également deux véhicules : un camion électrique qui parcourt 4000 kilomètres par mois. Et un camion frigorifique qui en parcourt 7000 !
Nous optimisons pour deux raisons. D’abord l’impact économique : moins on fait de kilomètres, moins ça coûte. Et puis bien sûr pour des raisons écologiques : moins on fait de kilomètres moins il y a d’émissions de carbone. Dans un objectif de sobriété, nous veillons à avoir des camions pleins et à ne pas faire de tournées à vide. C’est ce qui se passe avec Scarabée et la Station. On livre à Scarabée les laitages P’tit Gallo, les pains d’épice de Baramel ou les bières Drao par exemple et on repart avec des bouteilles vides direction la station de lavage pour les remettre en circuit.
Entreprise de l’économie sociale et solidaire, contribuer à la solidarité alimentaire fait partie de vos ambitions, comment se concrétise cet engagement ?
C’est vrai, notre projet est fondé sur plusieurs axes, le projet économique finançant les autres. Le deuxième axe c’est la solidarité alimentaire. Nous sensibilisons nos clients à la lutte contre le gaspillage alimentaire en leur proposant de prendre en charge leurs invendus. Nous travaillons régulièrement avec le village alimentaire de Cœurs résistants, l’Épicerie gratuite de Rennes 2 et le Secours Populaire. Dans ce cadre, nous facturons le service au coût réel, sans marge. Si cela a un intérêt pour nos clients au niveau éthique, cela a surtout un intérêt pour les associations de solidarité alimentaire. Ce que j’aimerais mettre en place, mais qui est encore à optimiser, c’est profiter de nos passages dans les magasins pour soulager les associations dans leur ramasse. Et diminuer les émissions de gaz à effets de serre par la même occasion. Par exemple, on profiterait de notre passage dans les magasins Biocoop pour récupérer et centraliser les invendus et les livrer ou les mettre à disposition des associations sur notre plateforme. Ce serait pratique pour elles, d’autant plus que nous sommes voisins de la Banque alimentaire. C’est encore un peu compliqué à mettre en place, mais c’est un vrai objectif.
Vous livrez Scarabée depuis septembre 2022. Avec la mise en place de la consigne des bouteilles, vous ne repartirez plus à vide. C’est ça l’économie circulaire ?
Exactement ! Nous livrons Scarabée et nous repartons avec les bouteilles consignées. Pas de voyage à vide. Et si on pouvait repartir avec des dons alimentaires en plus ça aurait encore plus de sens. Ce service permet aussi au réemploi des bouteilles de trouver son équilibre économique. Il faut savoir que la logistique représente un coût phénoménal pour la Station [la station de lavage de la Feuille d’Érable, NDLR], notamment le coût de la collecte de bouteilles vides. Grâce à notre proposition et à l’optimisation de nos tournées, grâce au fait que nous nous déplaçons de toutes façons dans les magasins, nous pouvons leur proposer un tarif très compétitif.
Et cela va même plus loin, car nous pouvons ensuite livrer à nouveau aux producteurs. Je pense à la brasserie Drao notamment qui rachète moins cher les bouteilles propres et prêtes à un nouvel emploi. Bouteilles pleines, bouteilles sales, bouteilles propres, ça c’est de la circularité !
Cela a vraiment du sens. Chaque trajet est valorisé. Et on évite des camions sur la route, on évite des émissions de carbone. Et la boucle est bouclée. Cela a un impact écologique et un impact économique. Tout le monde s’y retrouve et la planète nous dit merci. Pour autant que la planète y soit pour quelque chose.
Ce qui donne du sens à notre action, c’est de participer à l’économie locale et à la résilience du territoire.