L a première fois qu’il a eu affaire à Scarabée, c’était il y a quinze ans, pour l’aménagement du magasin de Cesson-Sévigné mais Laurent Dupont, designer, l’assure : les relations ont démarré 15 ans plus tôt avec le créateur de Bio Création Bois, Jean Milcent.
Son cheval (en bois) de bataille à lui : faire des meubles pour magasins en bois massif à prix raisonnables. « Autour de ça, relate Laurent Dupont, il a longtemps cherché quelqu’un capable de lui fournir du bois non traité contre les champignons. Quand il a réussi à sourcer ce matériau spécifique, car en fait c’est possible de ne pas traiter le bois selon le moment où on le coupe, il était littéralement fou de joie ! Et nous, on a vu la vraie différence de qualité du bois que l’on travaillait ! » Du chêne, du pin puis de l’épicéa sourcé à 100 km autour de la menuiserie basée alors à Saint-Nicolas-de-Redon.
S’accrocher au bois massif, voilà l’esprit de Bio Création bois : « Parce que c’est durable, réutilisable. Quand on a une planche en bois de pin, de chêne, on peut la retransformer, la retravailler. Essayez avec du mélaminé, c’est impossible ! », détaille Laurent Dupont.
Plus qu’un boulot, une philosophie
« Dès mon premier projet, même si on a eu un petit désaccord sur une couleur, s’amuse Laurent Dupont, j’ai compris que mettre un pied chez Scarabée c’était plus qu’un boulot, mais une philosophie. » Les contraintes imposées par Scarabée pour l’aménagement de ses magasins en auraient rebuté plus d’un. C’est l’inverse qui s’est produit avec cette entreprise d’aménagement, y voyant là un splendide terrain d’expérimentation, de création et d’amélioration.
Noir et blanc pour Papu, Extrême-Orient pour Saint-Grégoire… à chaque magasin son identité à respecter « Des meubles avec une personnalité forte, ça Bruz c’est quelque chose qui m’a tout de suite causé ! Une couleur, un pied sculpté, un motif… chaque meuble avait son petit quelque chose, et ça c’était tellement valorisant pour nos menuisiers de créer des pièces uniques ! Il y a même eu une époque où les meubles étaient signés. »
Des idées les plus saugrenues naissent les pépites
Des idées saugrenues, il y en a eu, avoue Laurent Dupont, « mais si on prévoyait toujours un plan B, au cas où ça ne fonctionne pas, aucune ne nous a vraiment arrêtée ! Comme la table pour dix avec un seul pied pour le snack ! La demande paraissait folle, mais je n’étais pas avare du temps que je passais sur les plans, car c’est avec les idées les plus dingues que l’on débouche sur des pépites ! Là par exemple, on a fait une table avec un pied sculpté en forme d’arbre et suspendue par ses branches au plafond ! »
Du standard…Ultra spécifique
La touche Scarabée, c’est aussi son caractère mouvant. « Les équipes de Scarabée ont conscience de l’espace marchand et entendent ce que demandent les consommateurs : des espaces agréables à vivre et qui changent. Un truc figé, c’est terrible, on s’en lasse. » Si bien que les commandes ont parfois nécessité « de se tordre le cerveau dans tous les sens »… pour déboucher, au final sur des petits chefs d’oeuvre. Comme ce meuble « tourne autour », pensé pour offrir un « facing » (désigne l’ensemble des produits de face) de tous les côtés et ajustable au fil des besoins du magasin, ou cette étagère à vin, toute étroite, pensée pour présenter les bouteilles tête bêche dans un espace hyper restreint.
Il aura fallu également, et le designer l’admet sans détour, tenir compte, parfois, de contraintes beaucoup plus empiriques : le temps, l’argent. « Comme après l’incendie de Cesson, se souvient-il, la présidente du directoire nous a demandé du linéaire avec beaucoup, beaucoup de tablettes pour meubler le nouveau local qui était tout petit. C’est comme ça que nous avons renoncé au métal, pour des questions de délais, mais aussi de coûts. Après de nombreux tests en atelier on a abouti à ce meuble linéaire tout en bois et hyper adaptable qu’on a appelé Mino ! Du linéaire standard mais avec la possibilité de faire ce qu’on veut avec ! ».
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