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Des nouvelles de la coopérative

Magasin Scarabée

Depuis 18 mois, nous vivons une crise au niveau national de la bio. La baisse est entre -7% et -10% de CA en 2022 pour le bio en France. En 2022, il y a eu 240 fermetures de magasins bio sur toute la France, toutes enseignes confondues. En 2023, cela va continuer, car les structures vont être impactées par le coût des énergies et pour tous les secteurs.

« Scarabée est directement impactée par cette crise, de l’ordre de -7% en 2022. Cette crise n’est donc pas spécifique à Scarabée.
Elle a plusieurs raisons que vous connaissez bien : les changements des habitudes alimentaires en sortie de COVID, la baisse continue de la part du budget alimentaire des Français au profit des loisirs, la guerre en Ukraine, l’inflation constante, l’augmentation des coûts de l’énergie, la multiplication des labels se disant équivalent au label BIO (HVE, etc…), le plébiscite sur la consommation de produits locaux sans regarder s’ils sont Bio ou pas.
Aujourd’hui, tous les labels qualitatifs souffrent, les consommateurs privilégiant une consommation de produits à bas prix par rapport aux exigences qualitative.

La situation de Scarabée par rapport au redressement judiciaire

Nous sommes en redressement judiciaire, donc sous la protection du tribunal de commerce depuis le 26 octobre. Nous sommes dans notre première période d’observation. Elle se terminera le 12 avril. Le tribunal de commerce peut prolonger encore 2 fois la période d’observation, soit jusqu’en avril 2024. C’est lui qui décidera de la sortie de Scarabée.  Pendant ces périodes, le directoire, accompagné de l’administrateur doit mettre en place un plan d’action qui nous permette de relever la coopérative. L’objectif poursuivi par le directoire est de sortir au plus vite de cette situation tout en stabilisant de façon économique la coopérative Scarabée. C’est ce qui a été engagé depuis Octobre avec la fermeture de 4 magasins et un plan de sauvegarde de l’emploi qui se termine. Tout ceci est accompagné d’une réorganisation totale de la coopérative.

Ces mesures sont loin de nous réjouir, mais nous le faisons pour que Scarabée puisse être là demain et longtemps encore dans le cadre de notre accompagnement par l’administrateur judiciaire et afin de présenter un dossier convaincant au juge.

Aujourd’hui, nous sommes dans le difficile exercice de trouver l’équilibre entre nos valeurs et les actions nécessaires pour garder Scarabée en vie. Le directoire a dû prendre des mesures drastiques pour éliminer les différents foyers de pertes et qui ont été humainement difficiles à porter et à recevoir par l’ensemble de nos équipes. Il est difficile d’annoncer un plan de sauvegarde de l’emploi, et cela crée des inquiétudes et des questionnements au sein des équipes, ce qui est légitime d’autant que nous ne pouvions pas communiquer, tant que la procédure n’était pas acceptée par l’inspection du travail. Ce PSE a été construit suite à des échanges nombreux avec notre Comité social économique, et nous avions fait le choix de ne pas prendre la parole, tant que l’ensemble de la procédure n’était pas abouti pour les personnes concernées. Ceci par respect de ces personnes. C’est ce qui explique notre volonté de ne pas répondre à la presse.

Cette période a été difficile à vivre pour tout le monde. Les décisions ont été difficiles, controversées, mais obligatoires. Le directoire doit tenir la barre, c’est son travail.

Le point PSE

Le tribunal nous avait autorisé jusqu’à 42 licenciements et finalement, nous terminons à 17 licenciements. Ce sont surtout les services supports et d’encadrement qui ont été visés (communication, RH, suivie caisse, commerce etc…). La très grande majorité des employés des magasins fermés ont tous été replacés dans les autres magasins en conformité avec leur clause de mobilité. Ces fermetures n’ont pas engendré de licenciement économique (à l’exception de cas très spécifique).

  • Hormis les inquiétudes légitimes créées chez les employés de Scarabée, nous n’avons fait aucune impasse sur notre politique sociale, qui correspond aux attendus de la charte Biocoop. Il est normal, que la masse salariale évolue en fonction du chiffre d’affaires des magasins. C’est un acte de gestion courante. Ces deux dernières années, le chiffre d’affaires ayant baissé de façon importante sur certains sites, le directoire a réajusté (principalement en ne remplaçant pas des départs naturels ou en acceptant des ruptures conventionnelles) la masse salariale à la baisse, en fonction des ratios préconisés par Biocoop.
  • Il n’a jamais été demandé à qui que ce soit dans les équipes de Scarabée de faire des heures à tirelarigot non rémunérées. S’il y a eu des heures supplémentaires, elles ont été intégralement payées ou récupérées, selon la loi.
  • Pour information, malgré les difficultés que la coopérative traverse, nous avons procédé à 2 augmentations de salaire. Sur le coût de la vie en 6 mois. Une début juillet, uniquement sur les catégories employées et une au 1er janvier
  • En janvier 2023, un point a été fait avec la totalité des responsables magasins pour leurs communiquer leurs ressources. Et certains magasins ont vu leurs ressources augmenter, au vu de la reprise de leur chiffre d’affaires.

Le point à ce jour

  • Il y a un arrêt de fermeture des sites. Tous les magasins existants étant à l’équilibre ou bénéficiaires.
  • Le chiffre d’affaires remonte dans les magasins existant avec des progressions positives.
  • Les restaurants ont repris une bonne fréquentation même si nous ne sommes pas encore au niveau de 2019.
  • Une réorganisation globale du fonctionnement des magasins allant vers plus de rationalisation au niveau gestion et plus de professionnalisme au niveau accueil et conseil est en place depuis le mois de septembre. Ce nouveau fonctionnement a été construit avec les responsables de magasins et est plébiscité par les responsables. Il reste encore des ajustements et des formations à mettre en place, mais les résultats sont encourageants.
  • Au vu de la diminution des services transverses, une nouvelle façon de travailler a été proposée à l’équipe encadrante. Des modifications de contrat mieux-disantes ont été proposées aux responsables afin de répartir au mieux les attendus et responsabilités de chacun. L’objectif étant d’être plus en lien direct avec la direction, d’échanger plus souvent sur la stratégie, et de se mettre d’accord ensemble sur les actions à mener. Il en ressort une belle énergie et surement une meilleure vision et communication au sein des équipes des sites. Après une crise telle que nous l’avons vécue, il est important de recentrer les énergies pour repartir vers des aventures positives.

Qu’en est-il des producteurs ?

Scarabée étant très lié avec la production locale, ceux-ci ont été bien évidemment impactés par la mise en redressement judiciaire puisque les factures antérieures au 26 octobre n’ont pu être réglées ainsi qu’un certain nombre de factures du mois de septembre. Ces dettes ont pesé lourdement chez certains de nos producteurs et nous en avons été très affectés. Malgré cela, le partenariat que nous avons avec les producteurs depuis de nombreuses années n’a pas faibli. À ce jour, nous continuons à travailler avec l’ensemble de nos producteurs et nous les en remercions. L’essence de scarabée a toujours été de favoriser en premier les achats locaux et plus que jamais nous tenons cette politique. Pour exemple en 2021, notre part de local s’élevait à 22% de nos achats. En 2022, elle est montée à plus de 26% pour atteindre un montant de quasiment 7.000.000€ toute productions confondues. Notre part d’achat en fruits et légumes a également augmenté de +9.3% passant en valeur de 1.400.000€ à 1.530.000  »

  • Répartition des volumes depuis la fermeture des 4 magasins a effectivement changé au profit des tout petits producteurs. Quelques-uns d’entre eux nous livraient exclusivement et nous avons réparti leurs petits volumes sur d’autres magasins en impactant effectivement nos plus gros maraîchers. Que fallait-il faire ? les laisser au bord du chemin ? Sachant que nos plus gros maraichers ont su, et c’est très bien, multiplier leurs sources d’écoulement de marchandises, via la plateforme Biocoop, des groupements livrant les cantines, d’autres livraisons dans des magasins etc…
  • Si certaines commandes ont baissé (exemple avec nos boulangers) c’est que notre chiffre d’affaires a baissé. Nous ne pouvons pas acheter aux producteurs pour jeter la marchandise invendue. Nos producteurs ont toujours bénéficié de nos croissances de chiffre d’affaires et en bénéficieront encore, je l’espère.
  • Nous continuons le travail avec les producteurs locaux. Cela fait partie de notre projet et de l’ADN de Scarabée. Nous devons, les producteurs et Scarabée, nous serrer les coudes, afin de passer ensemble cette période difficile et de continuer, dans les années à venir, porter une Bio, juste et cohérente.

Les perspectives d’avenir

Plus que jamais, et malgré le creux de la vague que nous avons vécu le projet de Scarabée est de défendre l’agriculture Biologique, car nous pensons qu’au moment où nous sommes face à des défis climatiques de grandes envergures, c’est l’un des moyens de se nourrir qui est le plus respectueux de l’environnement. Préservation de la biodiversité, de la qualité des sols, de la santé des producteurs, de l’utilisation de l’eau de façon parcimonieuse…Plus que jamais, et malgré le creux de la vague que nous avons vécu le projet de Scarabée est de défendre l’agriculture Biologique, car nous pensons qu’au moment où nous sommes face à des défis climatiques de grandes envergures, c’est l’un des moyens de se nourrir qui est le plus respectueux de l’environnement.

Nous sommes dans un monde qui bouge avec des consommateurs qui achètent de différentes façons : sur les marchés, via Internet et dans les magasins. Notre métier est de maintenir un grand niveau d’exigences et de professionnalisation au niveau de nos magasins et de nos restaurants. C’est l’objet de notre réorganisation qui met l’accent sur le conseil et l’accueil. Nous sommes et devons rester les spécialistes de la distribution bio. Alors que les rayons boucheries traditionnels ou les métiers de bouche disparaissent, nous devons continuer à développer ce savoir-faire qui met en valeur des produits magnifiques, tous issus de véritables aventures humaines et les faire découvrir à nos consommateurs.

Nous sommes dans la distribution BIO depuis 40 ans et elle s’appuie sur un projet qui est au-delà du financier, mais bien du développement de filières justes et équitables. Nous n’allons pas retourner notre veste, comme le font certains de nos confrères, en diminuant nos gammes et en intégrant des produits non-bio sous prétexte que la Bio n’a plus le vent en poupe et qu’elle n’est plus suffisamment rentable. Ce serait laisser un nombre d’acteurs de cette filière au bord du chemin, qui se sont battus pour construire ces filières, sans soutien des gouvernements successifs et qui ont toutes leurs raisons d’exister. Ce serait abandonner tout le développement de la production locale avec nos 280 producteurs, fruits de plus de 30 années de travail. Ce serait laissé au bord du chemin des consommateurs qui croient en ce mode d’alimentation et en notre modèle social et nous soutiennent depuis de nombreuses années.

L’inflation a touché beaucoup plus les produits conventionnels achetés à l’autre bout du monde que les produits Bio Biocoop (87 % de nos produits sont français.) 11% d’inflation dans le conventionnel en 2022 et 5% dans la Bio, réduisant l’écart de prix entre le conventionnel et la BIO.

Le gouvernement a reculé devant son annonce de la mise en place de produits anti-inflation. Leclerc disait, il y a deux jours, ne pas avoir besoin d’en mettre en place, car son travail sur les prix est suffisant. À scarabée, cela fait plus de 20 ans que toute notre politique commerciale est basée sur des marges différentes entre les produits bruts, produits de base et de première nécessité et les produits transformés ou « de luxe » ex crème de beauté haut de gamme. Cette politique a accouché d’une opération « la bio pour tous » qui s’est transformée en consommer Bio, je peux, au niveau du réseau Biocoop et aujourd’hui les prix engagés. Ce sont plus de 500 produits, qui sont proposés au quotidien dans tous les magasins pour répondre à cette problématique d’inflation.

Nous travaillons pour une mise en place plus évidente pour nos clients, afin qu’ils puissent mieux les repérer dans nos rayons.

À Scarabée, tous les produits en vrac ne sont pas en emballés pour des raisons écologiques et de prix. C’est plus de 400 produits en épicerie vrac proposé continuellement et depuis plusieurs années à des prix souvent moins chers que chez nos confrères. Et ce sont de nombreuses références en lessiviel et hygiène également. Sans parler des millions de bouteilles d’eau en plastiques économisées et qui ne viendront pas agrandir le 5éme continent de plastique, avec la distribution d’eau en vrac.

Le travail de développement avec les producteurs de fruits et légumes et les partenariats engagés années après années nous permettent de proposer sur ces rayons des produits qui peuvent arriver au même prix que dans le conventionnel, pour une qualité et fraîcheur bien supérieures.« 

Pourquoi faire ses courses à Scarabée ?

  • 79% des français considèrent que la mention fabriquée en France est importante ou très importante.
  • 83% des français considèrent la réduction d’emballage importante ou très importante.
  • 79% des français accordent de l’importance à leur alimentation
  • 80% plébiscite les produits locaux
  • Nous devons continuer ce que nous savons faire et le faire encore mieux en le faisant savoir.

 

Isabelle Baur, présidente du directoire de Scarabée

 


 

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