Actualités

Produire bio coûte-t-il plus cher?

ardoise-prix-poireaux-local-bruz

Nous avons posé la question à Jean-Paul Gabillard, un de nos fournisseurs, maraîcher à St-Grégoire, et également trésorier de la FNAB (Fédération Nationale d’Agriculture Biologique) et administrateur à Agrobio 35, groupement des agriculteurs bio d’Ille-et-Vilaine.

Somme de travail plus grande, plus de main-d’œuvre, désherbage mécanique : ce sont souvent les raisons avancées pour expliquer un coût de production plus élevé en bio ?

Tous les produits bio ne coûtent pas plus chers ! Notamment en fruits et légumes, on essaie d’avoir une stabilité des prix sur l’année, ce qui est moins vrai en conventionnel. Il y a effectivement plus de travail, notamment de désherbage, plus de risque de maladies, de ravageurs ; donc, dans le prix de revient : on doit en tenir compte, si on veut avoir des fermes résilientes. Par exemple, en pomme de terre : 1 année sur 4 ou 5, on risque d’avoir de fortes attaques en mildiou, donc des rendements beaucoup plus faibles. On doit l’intégrer et le lisser sur les prix des années précédentes ou suivantes.

Une autre question à se poser : quel est le véritable coût d’un produit conventionnel ? Si on y ajoute le coût de la dépollution de l’eau, l’impact sur la santé ?

Sur le coût de la main d’œuvre : notre ferme et certains autres fournisseurs de Scarabée sont adhérents à Bio Cohérence*, dont le cahier des charges interdit le recours à des travailleurs détachés. Ce qui n’est pas le cas pour beaucoup d’autres, on s’en rend également compte aujourd’hui. Par ailleurs, en conventionnel, de mémoire, on dit que 50% des agriculteurs gagnent moins de 500 euros par mois. Doit-on, en bio, suivre le même chemin ?

La polyculture, en bio, a également un impact sur le prix ?

Il y a en effet moins de spécialisation ; exemple : aucun producteur bio n’est spécialisé en tomates. En conventionnel, les tomates sont produites en hors-sol, dans des serres-usines qui ne produisent pratiquement exclusivement que de la tomate. En bio, la rotation est obligatoire dans le cahier des charges. La monoculture est donc interdite.

On parle par ailleurs de plus en plus de relocalisation : en ce moment, ça prend tout son sens ! Cela veut dire que nous avons des fermes plus diversifiées, moins spécialisées, qui ne peuvent pas avoir le dernier matériel à la pointe pour chaque culture. Ce qui peut engendrer des coûts de production plus élevés. Relocalisation toujours : dans le pays de Rennes, nous avons des terres limono-argileuses ; des terres sur lesquelles, par exemple, il est plus compliqué de faire de la carotte. En conventionnel, la majorité de la carotte est faite dans les Landes et en Normandie, sur des terres sablonneuses, avec des coûts de production au ras des pâquerettes, avec des giga-fermes. En bio, jusqu’à maintenant, on essaie d’avoir une production beaucoup plus localisée, y compris dans des terres plus  » rudes  » et moins adaptées, qui ne permettent pas d’avoir des rendements aussi bons, mais des légumes plus goûtés !

On doit cependant rester vigilants : nous voyons de très grosses structures qui arrivent aussi en bio avec tout l’équipement nécessaire ; et une spécialisation des fermes qui commencent à casser les prix, avec le risque que l’on retombe dans le même système qu’en conventionnel … Avec le travail que fait Scarabée avec les maraîchers – planifications, échanges réguliers, transparence – j’espère que ça ne va pas arriver.

* Bio Cohérence est une marque française de filière, portée par des producteurs, des transformateurs, des distributeurs et des consommateurs. Elle garantit des produits bio répondant à des critères exigeants. Plus d’info : www.biocoherence.fr/