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Scarabée et ses petits pas de géants

Au fil de ces nombreuses années, Scarabée a grandi, appris et a gagné de nombreux combats (toujours très pacifistes !). Progrès sociaux, écolos, prouesses humaines.
Voilà le topo !

 

L’eau en vrac, en osmose avec nos convictions

Parce que la distribution d’eau en bouteilles plastiques représente près de 10 kg de déchets par an et par personne, qu’en moyenne ce liquide, a priori disponible partout, aura parcouru près de 300 km pour vous désaltérer et qu’elle est responsable de la pollution de nos océans… Scarabée a dit basta !

La coop saute le pas en 2009 et décide de supprimer la vente d’eau en bouteille plastique suscitant un vif débat au sein du réseau Biocoop notamment vue la qualité contestée de l’eau du robinet mais aussi parmi les consommateurs.
« Il a fallu trois ou quatre mois pour déréférencer les produits et expliquer la démarche aux clients… », se souvient Isabelle Baur alors responsable de l’innovation. L’idée : donner des solutions alternatives aux clients pour leur apporter d’autres possibilités d’accès à une eau de qualité avec des tarifs négociés : carafes filtrantes, filtres à charbon, osmoseurs…

En 2017 arrive la proposition de Natarys : des distributeurs d’eau en vrac, une eau locale, soumise à trois filtrations pour être débarrassée presque en totalité des particules problématiques : pesticides, hormones, nitrates, ions métalliques. Banco, Scarabée signe et fait partie de l’un des premiers magasins à proposer l’eau osmosée à emporter !

Reste à régler la question du contenant.
PET ou verre ? C’est vers le PET que le choix de Scarabée se dirige, car il est réutilisable, recyclable et il faut l’avouer… bien plus léger et commode à transporter. Aujourd’hui encore d’ailleurs, force est de constater, que même si les bouteilles en verre sont proposées en rayon, les consommateurs continuent à se diriger vers le PET.

Et depuis 2017, plus aucune bouteille d’eau jetable n’est distribuée dans le réseau Biocoop. En tous cas, rien que chez Scarabée, en cinq ans, nous avions déjà évité de jeter 500 000 bouteilles en plastique. Ça s’arrose non ?

 

Vrac liquide ? Ça ne coulait pas vraiment de source…

Ça ne vous serait pas venu à l’esprit à vous, il y a quelques années de venir faire le plein… en magasin bio. Pourtant, voilà plus de 10 ans, l’esprit germe dans l’esprit de notre Scarabée : donner accès au vrac liquide pour éviter la multiplication des emballages individuels et réduire le coût pour le consommateur, car qui dit pas d’emballage dit réduction des coûts.

Seule condition au développement du vrac liquide pour Scarabée : que la distribution se fasse simplement et proprement. Regarder un filet d’huile dorée couler tout doucement dans un récipient, c’est beau, mais ce n’était pas l’idée. Un projet travaillé avec 3JD qui a développé des distributeurs au débit hyper efficace, réglé pour remplir les bonnes quantités et pour absorber l’air afin de ne pas altérer le produit.

C’est une évidence, le vrac apporte son petit lot de contraintes, alors pour inciter les troupes à prendre le train en marche, Scarabée a dû taper fort : si c’est en vrac, c’est plus en rayon, comme ça, pas le choix ! Seules les bouteilles d’huiles « précieuses » et différentes sont conservées en rayon. Un geste fort mais pas forcément favorable au commerce car l’huile a toujours fait partie des produits très vendus chez Scarabée « et certains clients particulièrement mécontents ont prévenu qu’avec ce nouveau système, ils iraient l’acheter ailleurs », se souvient le directoire.

Résultat des courses : une mécanique bien huilée, qui s’est élargie aux autres huiles et vinaigres et produits d’entretien et qui continue, aujourd’hui de fonctionner. Nos producteurs (parfois locaux) et fournisseurs d’huile, de vinaigre, de lessive ou de produit vaisselle livrent en bidons qui, lorsqu’ils sont vides repartent chez eux pour un nouveau remplissage. Comme ça, pas de jaloux : ils jouent le jeu, comme les clients, la boucle est bouclée.

Faire le plein chez Scarabée, tout le monde a pris le pli, et le pari commercial est gagné puisque l’économie d’échelle permet d’offrir des plus petits prix sur ces huiles dites « classiques » et a donc permis aux huiles plus sophistiquées de décoller également, grâce à l’économie faite sur le vrac, les petits plaisirs sont désormais possibles !

 

Foie gras… Il a fallu trancher !

Face à la grogne (légitime) de nombreux clients surpris de voir encore trôner du foie gras dans les rayons des magasins Scarabée, le directoire entame une réflexion en interne en 2008. Le foie gras fait partie des sujets… clivants, et la coopérative n’échappe pas à la règle : en magasin, en boucherie, dans les restaurants… les avis divergent et le questionnement est profond. Bienêtre animal, respect de la demande du client, considérations économiques… Finalement, ce sera au consommateur de trancher pour sortir de cette crise…de foie gras.

A l’aube d’un week-end de sondage en caisses, le résultat tombe : 51 % sont pour la poursuite de la vente et 49 % contre. Un résultat serré, qui malgré la majorité de « pour », fait peser la balance vers la suppression totale du foie gras chez Scarabée. « On ne pouvait pas aller à l’encontre de toutes ces personnes opposées, ça représentait la moitié de nos clients… », relate Isabelle Baur. Depuis, chacun sait qu’il ne trouvera pas de foie gras chez  Scarabée, et c’est avalé ! Une avancée suivie par l’ensemble du réseau Biocoop depuis 2013.

Bio pour tous, tous pour bio

Des prix engagés, la bio à petits prix

La bio, c’est pour les bobos… Scarabée n’a jamais vraiment supporté cette allégation, pourtant pas toujours fausse et s’est rapidement battu pour rendre accessible au plus grand nombres ses produits.
Le sujet tombe sur la table autour de 2004, un objecteur de conscience en mission chez nous commence à creuser la question d’une gamme de produits accessibles. En parallèle, Scarabée fait salon pour se présenter au plus grand nombre : elle se présente au salon du jouet de Guichen et constate en effet que de nombreuses familles sont partantes pour manger bio, mais n’en ont pas les moyens…

L’argument de manger autrement, avec moins de viande et moins de produits transformés ne suffit pas. Il faut trouver une solution ! Scarabée, en accord avec ses fournisseurs sort une liste d’une cinquantaine de produits de première nécessité, des essentiels : une huile, des oeufs, du lait, un gel douche, un shampoing, une lessive… aux prix décrochés. « L’enjeu était d’emmener les fournisseurs avec nous pour qu’ils fassent un effort sur la marge comme nous, mais en considérant que l’on gagnerait en volume », décrit Isabelle Baur. Une nouvelle liste est éditée tous les trois mois, en fonction des saisons, avec une cinquantaine de produits incontournables à prix bas pour aider les consommateurs dans leurs achats du quotidien.

Bien vite, l’idée fait mouche et les coopératives voisines contactent Scarabée pour savoir si elles peuvent appliquer le concept dans leurs magasins. Défendue au congrès de Bordeaux en 2004 par le directoire de Scarabée, l’idée divise. Une bio plus accessible, bonne idée !, pensent les uns. Pas de promo chez nous, pour ne pas être assimilés à la grande distribution,  pensent les autres… Mais finalement, l’opération « Manger bio, je peux, consommer écolo, je peux » est lancée. Aujourd’hui, 99 % des magasins ont signé pour cette opération que vous connaissez : les fameux prix engagés.

Pas de doublons, voyons !

Click and collect magasin bio Rennes

Aujourd’hui, c’est un principe qui fait petit à petit sa place chez Biocoop, puisque la suppression des doublons a été votée récemment au niveau des fruits secs… Mais l’idée a germé ici, il y a plus de 10 ans. Scarabée, fervent défenseur du vrac, a toujours oeuvré en faveur de son développement, se basant sur des principes simples : la réduction des emballages individuels et la réduction du prix (selon Biocoop, les produits en vrac devraient, en moyenne être 30 % moins chers).

Pour aller plus loin, la coopérative s’attaque aux doublons : si c’est en vrac, pas besoin de le vendre emballé en rayon ! « Avant d’y aller, il a déjà fallu comprendre nos clients, et savoir quels étaient les freins à l’achat en vrac pour eux », décrit Isabelle Baur.

Les résultats du questionnaire lancés par Scarabée laissent paraitre certaines craintes parmi des consommateurs au sujet du nettoyage des silos, de la durée de conservation des denrées en vrac et de l’hygiène de certains bacs.

Aux petits tracas, les grands moyens, tous les rayons vrac sont réorganisés afin de mettre les produits en silo et un logiciel de Le vractraçabilité permet au client d’accéder à toutes les infos sur son produit : date de remplissage du silo,  date de nettoyage… « C’est ainsi que les clients se sont rendus compte que contrairement à ce qu’ils imaginaient, les produits stagnaient très peu en vrac, et que pour certains produits les silos étaient même remplis deux fois par jour ! », précise Isabelle Baur. Après six mois de pédagogie, les doublons en rayons sont supprimés en magasin et le vrac gagne de l’ampleur chez Scarabée. Effet bénéfique : l’offre a pu se développer en rayon, car ce qui est en vrac n’y est plus et permet de faire entrer d’autres références ! Le magasin de la rue Vasselot par exemple, propose un assortiment d’un magasin de 250 m2 alors qu’il n’en fait que 110 ! Ça c’est de la rentabilisation !

 

Le Phoenix ou l’incroyable renaissance du magasin de Cesson

Samedi 16 juin 2018, 17h30, alors qu’une trentaine de clients font leurs courses au magasin de Cesson et qu’une quinzaine de salariés sont affairés, un incendie se déclare dans les réserves à l’étage du magasin. Il ne faut qu’une minute aux équipes sur place pour faire évacuer tout le magasin. Pas de victime : si ce n’est les locaux, dévastés en partie par les flammes et en totalité par des fumées toxiques.

Ni une ni deux, notre Scarabée, touché en plein coeur mais pas abattu se remonte les manches pour sauver son magasin et son resto. « Dès le lendemain, dimanche, nous étions en rendez-vous avec l’expert d’assuré (NDLR celui qui accompagne les assurés face aux assureurs », se souvient Marc Chevalier, membre du directoire alors d’astreinte.

Lundi matin, certains documents sont déjà prêts pour le rendez-vous avec l’assurance et tous les experts. « C’est après que nous avons mis le doigt sur la force de notre organisation en holacratie*, analyse Marc, toutes les demandes d’experts et de l’administration ont été réparties aux bons rôles, tout le monde avait des missions bien définies si bien que tout n’a pas été centralisé sur une ou deux personnes. Cela a permis au dossier d’être bouclé rapidement et d’avancer relativement vite. »

Le dossier d’assurance bien engagé, les équipes font très rapidement le choix de ne pas attendre la reconstruction pour engager le projet d’un magasin éphémère afin de préserver l’activité. « Il faut dire que les grandes surfaces alentours ont sauté sur l’occasion de notre fermeture pour agrandir leur offre bio et le faire savoir ! », se souvient Marc. Un bail éphémère est signé pour l’ancien magasin de Cesson quelques semaines après l’incendie et le magasin ouvre le 29 octobre, soit quatre mois après les flammes juste en face. « Tous nos partenaires historiques, maître d’oeuvres, plaquistes… se sont pliés en quatre pour mettre des équipes sur notre chantier même en plein été, il y a réellement eu un élan de solidarité de la part de nos partenaires, comme de nos clients qui ont reporté leurs achats vers les autres magasins en attendant », se réjouit Marc. Le resto, lui moins touché réouvre au même moment avec du matériel provisoire.

Deuxième prouesse : Le Phoenix, renait de ses cendres et le nouveau magasin flambant neuf rouvre ses portes le 17 avril 2019, plutôt coriace le Scarabée…

* Holacratie désigne une organisation avec un mode de prise de décision et de répartition des responsabilités communs à tous au sein d’une organisation.

 

Passage en SCIC, ou l’empowerment de toutes les parties

Scarabée a opéré une sacrée métamorphose en 2021… Passant de SA coopérative de consommateurs à SCIC. Après toutes ces années pendant lesquelles la coopérative à évolué, le directoire et le conseil de surveillance ont réfléchi à un changement de statut qui conviendrait mieux à ce qu’ elle était devenue dans le quotidien et vers quoi elle voulait tendre pour un véritable fonctionnement coopératif.

Si les termes peuvent effrayer, le principe est simple : élargir le nombre de partenaires au système de gouvernance de la coopérative. « Il y a tout un écosystème qui permet aujourd’hui à la coopérative de fonctionner, analyse Hugo Mouraret. Il y a bien sûr, les clients, mais aussi évidemment les salariés, les producteur.ice.s, les fournisseur.e.s et les partenaires publics comme la Ville, les communautés de communes, les institutions, les partenaires financiers et ceux de l’économie sociale et solidaire… » Le système de SCIC convie donc tous ces partenaires à s’impliquer dans la gouvernance de Scarabée en tant qu’associés.

En bref : grâce au statut de SCIC, un plus grand nombre de personnes et d’instances peuvent participer au projet de Scarabée pour : plus de transparence, une plus grande richesse de points de vue et plus de poids pour défendre et développer une bio exigeante, engagée et militante !

Dans le même temps, une association de consommateurs se met en place pour une meilleure représentativité des consommateurs. Elle permet de coordonner les idées et de porter leur voix en assemblée générale.

 


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