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Zorro déchet : à la pointe du Vrac

590 kg. C’est le nombre de kilos de déchets que produit en moyenne chaque français chaque année. A l’occasion de la semaine de réduction des déchets, qui aura lieu du 16 au 24 novembre, nous vous proposons un point d’étape sur la place du vrac dans nos magasins.

C’est historique : les magasins Biocoop, dès leurs débuts, faisaient partie des premiers magasins où on pouvait acheter des produits en vrac. Cela nous vaut d’ailleurs, clients et sociétaires convaincus, d’être poétiquement qualifiés de « mangeurs de graines » (cui). Aujourd’hui, dans tous nos magasins Biocoop Scarabée confondus, 511 références sont proposées en épicerie alimentaire, 26 en produits lessiviels ou cosmétiques.

Le vrac au-delà des rayons « vrac »

Mais au-delà des rayons vrac, le vrac se retrouve aussi :
– aux fruits et légumes. Si vous avez déjà acheté des fruits et légumes bio en supermarchés, vous l’avez remarqué : ils sont emballés… Chez nous : ils sont nus 🙂 ;
– et sur une large partie des rayons pain-fromage, boucherie, et poissonnerie, depuis la mise en place progressive du dispositif « Ramène ton bocal ». Le principe (pour celles et ceux qui le découvrent) : vous permettre d’acheter un maximum de produits en utilisant des contenants réutilisables personnels ou achetés en magasins (voir la « vrac map »)

Vrac volant

Il y a une telle volonté de développer ce mode de distribution, à Biocoop Scarabée, que l’équipe « Développement » a décidé d’en faire un étendard, en créant le Vrac Volant, en avril 2016. Un outil concret (un magasin vrac ambulant) pour aller à la rencontre des Rennais – entre autres celles et ceux qui n’oseraient pas forcément franchir la porte d’un magasin spécialisé – sur les marchés. Pour promouvoir la bio ET le zéro déchet, à travers des produits de base parmi les plus accessibles, en terme de prix.

Le vrac volant, camion vrac Biocoop Scarabée présent sur plusieurs marchés rennais.
Vracophile

Super, tout ce vrac, non ? Oui, nous sommes plutôt fiers de proposer autant de références, et d’être franchement précurseurs en la matière, même dans notre réseau Biocoop. Nos magasins ont été les premiers du réseau à déréférencer l’eau en bouteilles plastiques jetables. Avec une période de tatonnement, c’est vrai, avant de proposer les distributeurs de vrac-eau H2Origine. En novembre 2011, lors du déménagement du magasin de Cesson, les produits emballés déjà proposés en vrac sont purement et simplement supprimés. Démarche étendue aujourd’hui à l’ensemble des magasins. Des initiatives qui ne font pas toujours l’unanimité, mais qui sont un parti-pris écologique assumé.

Le vrac côté prix

Avant de parler « prix » : le vrac est un moyen d’acheter la juste quantité dont on a réellement besoin. Eventuellement de « tester » un nouveau produit, en en achetant qu’une petite quantité. Ce qui n’est pas possible avec des produits emballés, et qui est, clairement, un moyen de lutter contre le gaspillage alimentaire.
Côté « prix » : « On peut parler d’un écart de 20 jusqu’à 50% en prix d’achat, qui est entièrement répercuté sur le prix de vente » annonce Anja Gautier, référente commerciale à Biocoop Scarabée. « En plus, les marges appliquées par Scarabée sont inférieures par rapport aux marges du rayon « emballé. » »

 


Dans le respect du Cahier des charges Biocoop, les produits d’épicerie distribués en vrac doivent représenter au minimum 6% du chiffre d’affaires total des magasins sociétaires. Chez Scarabée, ce pourcentage est de 11,33%. Sans tenir compte du vrac lessiviel et cosmétique (0,67%), mais également de tous les autres rayons où il est possible d’acheter en vrac avec ses contenants réutilisables : les rayons fruits-et-légumes, pain-fromage, boucherie, poissonnerie. En ajoutant ces rayons : le vrac représente 40,96% de notre chiffre d’affaires, sur l’année écoulée.


Des fois : ça marche pas

Déployer le vrac n’est cependant pas un long fleuve tranquille. Il y a des bonnes idées, a priori, qu’on doit abandonner. Exemple : le vin en vrac, produit trop sujet à l’oxydation qui, au final, générait plus de pertes et de gaspillage que de ventes. Il y a des choix pas évidents à faire : bouteille verre ou bouteille plastique réutilisable pour le vrac liquide alimentaire ? Sachant qu’il reste complexe de dresser le bilan carbone de chacun de ces contenants (fabrication, bilan carbone du transport lié au poids du verre par rapport au plastique, recyclabilité…) ; et que nous gardons aussi à l’esprit, en tant que magasins, qu’il est plus accessible, notamment pour les plus anciens d’entre nous, de porter 6 bouteilles d’eau en plastique réutilisables que 6 bouteilles d’eau en verre réutilisables. Il y a aussi les étapes de déploiement, qui impliquent des modifications en magasins. Comme le changement de pesée, aux rayons vrac épicerie et fruits et légumes, au printemps dernier, lié au dispositif « Ramène ton bocal ». Certains d’entre vous étaient un peu perdus, forcément, aux débuts, cela va avec le changement. Cela demande un effort, nous en avons conscience. Mais cela va aussi dans le sens d’une majorité d’entre vous, qui manifestent leur désir de pouvoir utiliser des contenants réutilisables, et de supprimer au maximum les emballages.

Allergies alimentaires

A une époque où les allergies alimentaires se développent, une des problématiques du vrac est aussi son inaccessibilité aux personnes allergiques. Pour les personnes juste intolérantes à un ingrédient, comme le gluten par exemple : pas de souci, elles peuvent faire leurs achats au rayon vrac épicerie. Mais impossible pour une personne qui est allergique de faire ses achats en produits vrac ; compte-tenu du caractère volatil de certains ingrédients, d’un bac à l’autre, ou de la possibilité que certains clients ou sociétaires utilisent la pelle ou la pince d’un bac pour se servir dans un autre bac. Les problèmes d’allergies nous rappellent que l’emballage reste parfois indispensable pour protéger les aliments.

La nouveauté, c’est pas fini…

Les équipes « Innovations et développement » et « Commerce » cherchent cependant en permanence à développer de nouvelles propositions de produits en vrac. Qui permettent à la fois d’appliquer un prix plus accessible, tout en réduisant les emballages jetables. Dernier exemple en date : un Grinder (« broyeur ») installé dans le magasin Jacques Cartier, qui permet de réaliser directement sa purée d’oléagineux, sur place. Trois références sont proposées à « grinder » : arachide, amande, et un mélange amande-pépites de chocolat. « Pour la purée d’amande, on arrive à un prix inférieur au premier prix dans sa version conditionnée », souligne Anja. Après 3 à 6 mois de test, les grinders seront déployés sur d’autres magasins.

D’autres projets sont également dans les cartons : développer de nouveaux produits en vrac, comme les jus de fruits ou laits végétaux ; travailler sur la consigne, qui nécessite une station de lavage : pas simple ! Ou encore réfléchir à des magasins « 0 déchet ».

Grinder (broyeur) pour réaliser sa purée d’oléagineux directement en magasin, à Biocoop Scarabée Jacques Cartier.
Les emballages, quels emballages ?

Parallèlement à cette volonté de développer au maximum le vrac, il y a un vrai questionnement, de votre côté comme du nôtre, sur les emballages subsistants. Depuis 2015, la règlementation française refuse tout emballage contenant du bisphénol A (BPA) ou du polycarbonate (PC). Pour notre réseau Biocoop, « L’emballage doit se limiter à la protection sanitaire et légale des produits, et comme support des informations consommateurs ». La nature et le poids des emballages doivent être choisis en fonction de leur impact écologique, le plus faible possible, en analysant leur cycle de vie. Pour faciliter le recyclage des emballages à usage unique, l’usage de monomatériaux ou, à défaut, de matériaux multicouches séparables doit être privilégié, et l’indication incitant au recyclage des matériaux est souhaitée. Biocoop refuse de référencer des produits conditionnés dans des emballages contenant du PVC (sauf cas particulier des joints des couvercles de pots en verre). Les encres d’impression utilisées doivent être à bases végétales, dès que le support le permet. Et les matériaux recyclés ou partiellement recyclés sont privilégiés, lorsque la nature de l’emballage le permet.
Biocoop se fixe pour objectif, en 2025, que 50% de son offre globale soit non emballée ou présentée dans des emballages réutilisables. « Pour les 50% restants, l’objectif est de réduire le recours au plastique, tout en affichant d’excellentes propriétés d’étanchéité à l’eau et à l’air ». Des recherches sont en cours pour trouver des solutions alternatives efficaces. Et à l’échelle d’un réseau de 600 magasins, qui veut travailler en bonne intelligence avec ses fournisseurs tout en ayant ces exigences sur les emballages : c’est un vrai gros chantier…

Et à Biocoop Scarabée ?

« On envisage de créer un cahier des charges propre à Biocoop Scarabée, en plus du cahier des charges Biocoop, qui irait plus loin », annonce Anja. En supprimant les emballages individuels, pour ne citer qu’un exemple. « On ne va évidemment pas laisser nos fournisseurs sur la touche ! Mais en tout cas les sensibiliser, les inciter à évoluer ». Et, à produit équivalent : favoriser celui dont l’emballage est le plus écologique. Un sujet d’autant plus complexe que les technologies évoluent, et peuvent nous amener à reconsidérer certaines idées reçues : certaines filières de « plastique végétal »*, posent des soucis de traçabilité, avec le risque possible qu’il s’agisse de monoculture OGM intensive. Mais pas toutes ! Par ailleurs, parmi ces « bioplastiques » : le PET végétal est recyclable. Mais pas le PLA, l’acide polylactique. Bref : la nature même des emballages est un sujet fort complexe, qui demande une vraie expertise.

Cette réflexion pose une autre question : proposer une alternative ou imposer ? Pour caricaturer : s’agit-il de ne proposer que du vrac dans nos magasins, au risque de perdre les nouveaux clients qui nous découvrent ? Ou de continuer à proposer des produits emballés, en sélectionnant des emballages les plus écologiques possibles, tout en sensibilisant les nouveaux venus au « 0 déchet » ? Au sein des équipes, déjà : il y a débat !

Ateliers bocaux scarabio festival 2018
Sen-si-bi-li-ser !

La première manière de sensibiliser nos clients et sociétaires aux bienfaits écologiques du vrac, c’est, bien sûr, de proposer une offre digne de ce nom en magasins, accompagnée du conseil des équipes. Ce sont aussi les supports d’info mis à votre disposition : Cultures Bio, La Feuille, les dépliants Biocoop. Mais aussi, dans notre coopérative : les nombreux ateliers et animations qui mettent en avant le vrac, le zéro déchet, et leur p’tit camarade : le faire soi-même. A ce titre : on vous invite chaleureusement à jeter un coup d’oeil au programme des ateliers disponible en magasins, et sur l’agenda-billetterie de notre site internet. Et à y réserver votre soirée du 28 novembre : « Ma vie en bio : pour aller vers le zéro déchet », atelier coopératif qui aura lieu à Saint-Grégoire. Après la théorie : go, la pratique !

Sachets jetables qui craquent, bouteilles en plastique (encore) aux rayons vrac liquide alimentaire et lessiviels/cosmétiques : retrouver ici les sujets qui « ggrrrrrr », mais qui avancent !

* Le plastique végétal est composé tout ou partie avec de l’amidon de maïs, de la bagasse de canne à sucre ou encore d’algues. www.franceinter.fr/environnement/le-nouveau-plastique-vegetal-est-il-bon-pour-la-nature.