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Cœurs Résistants, citoyens en lutte contre la précarité alimentaire

Cœurs résistants

Parce que la solidarité alimentaire est une préoccupation constante de Scarabée, nous sommes allés à la rencontre de Cœurs Résistants, une association rennaise qui combat la précarité en permettant aux personnes à la rue de construire un projet de société.

 

300 tonnes de nourriture par an, 1 200 foyers soutenus chaque semaine, 200 personnes à la rue nourries chaque week-end. Et aussi un lieu de répit accueillant où l’on peut se reposer, manger, discuter, jouer, charger son téléphone, mais aussi cuisiner, bricoler, jardiner… Et, surtout, se sentir légitime à participer à un projet de société. C’est, brossé en quelques toutes petites lignes, le portrait de Cœurs Résistants.

Glanage, cuisine et distribution

C’est à l’hiver 2015 que le projet a germé dans l’esprit de William, fraîchement débarqué à Rennes avec l’envie furieuse de sortir de la galère et la conviction que c’est en embarquant ses coloc de la rue qu’il pourrait y arriver.

Le constat est « simple » : il y a des gens qui ont faim d’un côté et du gaspillage alimentaire de l’autre. Il ne faut pas être Einstein pour se dire qu’il y a là une équation peut-être pas si compliquée à résoudre. Alors cela commence par du glanage, de la préparation de repas dans un coin de cuisine et de la maraude pour les distribuer aux personnes à la rue.

Et puis c’est la rencontre avec Phenix, une entreprise d’utilité sociale qui fait de la lutte contre le gaspillage alimentaire son cheval de bataille. Le lien est tissé avec les supermarchés locaux. Cœurs Résistants récupère leurs invendus et les redistribue aux personnes en précarité. L’association est créée pour pouvoir supporter juridiquement le projet qui se déploie à vitesse grand V tant les besoins sont importants.

Transformer la société

Mais ne nous y trompons pas, bien plus qu’une association caritative, Cœurs Résistants est un outil de solidarité qui permet aux personnes en précarité de retrouver leur dignité en contribuant concrètement à la vie de la cité. Car comme nous l’a confié Simon, l’un des trois salarié.es, « nous croyons que c’est par l’activité qu’on peut reprendre possession de ses capacités, c’est en faisant quelque chose d’utile qu’on cultive l’estime de soi ».

Ici, on ne parle pas de bénéficiaires, mais de personnes accueillies accueillantes. D’ailleurs, ce sont les mêmes qui gèrent les arrivages de denrées alimentaires, qui cuisinent, qui distribuent chaque jour 200 paniers au Village alimentaire, qui accueillent et animent le lieu de répit installé dans une ancienne école. Mais elles aussi qui participent aux choix politiques de Cœurs Résistants en devenant l’un.e des cinq co-président.e ou en intégrant le bureau de l’association.

Nous avons trois maîtres mots : inconditionnalité, gratuité, gestion participative.

Un projet qui fait des petits

Connaissez-vous le point commun entre les Glaneurs rennais, l’Épicerie gratuite de Rennes 2 et les distributions de paniers dans les conciergeries de quartier au P’tit Blosneur et à la Cohue ? Ce sont tous des projets impulsés par Cœur Résistants ! Car l’idée n’est pas de tout piloter mais de faire au plus proche des besoins. Et de permettre à toutes les personnes en précarité de prendre part à ces actions. « Toujours guidés par les valeurs de la gratuité et de l’inconditionnalité, on initie, on impulse, on essaime, puis on se retire pour multiplier les possibilités d’engagement pour chacun chacune » nous dit encore Simon.

Émancipation par la terre

Récupérer des invendus pour les cuisiner ou les distribuer, c’est bien. Mais est-ce que le modèle alimentaire n’est pas à questionner ? s’interroge Mathieu, un autre salarié que nous avons rencontré. Car « il y a cette question qui nous habite et nous anime : comment peut-on transformer le territoire ? Or on ne peut pas transformer le territoire sans mettre de l’écologie dans la balance ».

Alors Cœurs Résistants a avancé une autre bille : celle de la production agricole et en même temps de la réappropriation des outils de production par les habitant.es, qu’ils soient pauvres ou riches, personnes à la rue ou agriculteur.ices. Ce projet, c’est celui de la Ferme du Turfu qui commence juste à s’installer à la Prévalaye. Un chantier d’émancipation par la terre qu’on a très envie de suivre de près. Et dont on vous racontera bien sûr les aventures à venir.

https://www.coeurs-resistants.org