Actualités

Juste prix : de la fourche à la fourchette

Des prix engagés, la bio à petits prix

Lorsqu’on vous parle « prix », à Biocoop Scarabée, on évoque souvent le juste prix payé aux fournisseurs. Plus rarement tout ce qu’on met en œuvre pour rendre nos prix les plus accessibles possible à vous, clients.
Comment concilier prix juste pour le consommateur et pour le fournisseur ? De quels leviers dispose-t-on pour rendre nos produits les plus accessibles possible sans que ce soit au détriment de nos fournisseurs ? Un produit bio coûte-t-il vraiment plus cher à produire qu’un produit non bio, et pourquoi ? Et si, au-delà du prix, faire des économies n’impliquerait pas de changer ses habitudes ? Balade au pays des prix.

Le cadre: le cahier des charges Biocoop

Notre cadre de travail, à Biocoop Scarabée, c’est le cahier des charges Biocoop. Et en termes de politique commerciale, il pose quelques jalons.
« Le taux de marge nette comptable distribution ne doit pas dépasser 31,5% ». C’est une des exigences Biocoop, et pas des moindres. Pourquoi cette limite ? Pour que l’argent soit au service du projet. En contraignant les magasins à pratiquer des prix à la fois accessibles à une majorité de consommateurs, suffisamment rémunérateurs pour les fournisseurs, et permettant la pérennité des magasins. Mais en excluant la logique de profit financier, qui utiliserait la qualité bio comme un simple argument marketing pour vendre plus cher. Cette limite du taux de marge écarte d’emblée les porteurs de projets qui souhaiteraient « surfer sur la vague », et ouvrir un magasin Biocoop par l’odeur du profit alléchés.

Des prix maximum autorisés

Notre réseau impose par ailleurs un prix maximum autorisé (PMA) pour certains produits.
Les produits issus des filières « Paysan.ne.s Associé.e.s » (ex-filières « Ensemble solidaires du producteur au consommateur »), tout d’abord ; le but ? Conjuguer commerce équitable-France avec les producteurs partenaires, d’une part, avec des prix accessibles au plus grand nombre, d’autre part. Et ce sur le long terme.

Les prix engagés

Autres produits concernés par un prix maximum autorisé : une sélection de 500 produits proposés au catalogue Biocoop, que vous retrouvez en magasins sous l’étiquette « Les prix engagés ». Cette sélection, qui a remplacé l’année dernière « La Bio Je Peux », a été mise en place, là aussi, dans un souci d’accessibilité-prix sur des produits de grande consommation, une question centrale pour les magasins Biocoop ; Biocoop Scarabée, comme les autres magasins du réseau, ne l’envisage pas à coup de promos-« flash », et au détriment des fournisseurs. Les produits concernés sont des produits de base, dont les volumes produits et achetés sont suffisamment importants pour que fournisseurs, réseau Biocoop et magasins puissent, ensemble, faire un effort, chacun à son niveau, dans la durée.

Economies d’échelle

La possibilité de baisser un prix, sans léser un fournisseur, est essentiellement liée aux économies d’échelle et aux volumes commandés. Faire partie d’une sélection de produits comme « Les Prix Engagés », à l’échelle nationale, cela veut dire pour un fournisseur augmenter considérablement les volumes vendus ; et bénéficier d’une belle visibilité. Ce levier « prix » est donc possible, essentiellement, pour des fournisseurs semi-industriels. L’effort étant porté à la fois par le fournisseur, le réseau Biocoop, et nos magasins, afin que chacun s’y retrouve, dans la durée.
Au-delà des « Prix engagés », les baisses de prix liées aux économies d’échelle que nos magasins répercutent intégralement sur le prix de vente (voir l’entretien avec Anja Gautier, coordinatrice commerciale), se retrouvent :
– sur les produits mis en avant chaque mois dans le cadre du Calendrier des Animations Magasins (CAM),
– sur d’autres offres promotionnelles proposées chaque mois par les fournisseurs de Biocoop. Et qui seront, dès juin, proposées dans nos magasins, à tour de rôle, sous l’appellation « Les bons plans (du moment) ».

Péréquation de marges

Dans cette limite du taux de marge nette globale de 31,5%, chaque magasin Biocoop choisit les produits qu’il souhaite rendre les plus accessibles possible, en y appliquant une marge plus faible, et en compensant, forcément, par une marge plus élevée sur d’autres produits. A Biocoop Scarabée, notre choix est d’appliquer des marges plus faibles :
– sur les produits de base, dans un souci d’accessibilité,
– et sur les produits qui représentent le plus nos valeurs : le local, le vrac, le commerce équitable.
Nous équilibrons ces marges plus faibles avec des marges plus élevées sur :
– des produits  » plaisir  » (la mangue ou l’ananas, par exemple),
– des produits plus élaborés, type « plats cuisinés »,
– ou des produits dits « de confort », comme certains compléments alimentaires, par opposition aux produits de base, comme la lait ou la farine.

Complémentaires

On pourrait facilement opposer, dans un magasin Biocoop, petits fournisseurs locaux et plus « gros » fournisseurs régionaux ou nationaux. Les produits bruts et les produits cuisinés. Les produits de première nécessité et les produits « plaisir ». Si nous pouvons proposer un prix attractif sur les premiers, c’est cependant, en partie, grâce aux seconds. Cette complémentarité est essentielle.

Il est important, dans nos magasins, que vous puissiez avoir le choix, à produit équivalent, entre un produit local artisanal, dont le coût de production est forcément plus élevé, et un produit marque Biocoop semi-industriel, sur lequel des économies d’échelle sont possibles. Ces deux produits, il est important de le souligner, répondant au mêmes exigences « qualité », sociales, écologiques, du cahier des charges Biocoop.

Sans cette complémentarité : nos magasins ressembleraient sans doute à des épiceries fines, réservées à une clientèle financièrement privilégiée. Ce qui n’est clairement pas notre démarche. Et ne permettrait certainement pas de soutenir autant d’installations, en bio, et en local. Ce qui est le cœur de notre projet.

Comment construisons nous les prix à Biocoop Scarabée pour qu’ils soient les plus accessibles possible ? Entretien avec Anja Gautier, coordinatrice « commerce ».

Produire bio coûte-t-il plus cher ? Entretien avec Jean-Paul Gabillard, maraîcher, trésorier de la FNAB et administrateur à Agrobio 35.