Avec 1800 personnes et 85 associations adhérentes, Eau et Rivières de Bretagne déploie son projet depuis 55 ans sur les quatre départements bretons : information et sensibilisation, participation aux concertations publiques et actions en justice. Avec un objectif : préserver la qualité de l’eau, notre bien commun.
Rencontre avec Dominique Le Goux, chargée de mission santé environnement
Eau et Rivières de Bretagne défend l’idée que l’eau est un bien commun, comment cela se traduit-il concrètement ?
Depuis 1969, Eau et Rivières de Bretagne mène des actions dans trois directions. Notre objectif est d’abord de faire prendre conscience de l’importance vitale de l’eau, en rendant les citoyens acteurs de la connaissance et donc de la préservation de la qualité de l’eau. Grâce aux bénévoles que nous accompagnons pour monter en compétences, nous multiplions notre force de frappe pour sensibiliser le plus de monde possible.
Nous travaillons également avec les enfants, dans les écoles ou à l’extérieur. Depuis 1980, le centre permanent d’initiation à la rivière accueille des élèves en classe verte. Faire de l’éducation à et dans la nature sur des temps longs, on y croit !
Par ailleurs, Eau et Rivières de Bretagne mène son combat pour la qualité de l’eau en prenant sa part dans la décision publique. Nous participons aux dispositifs de concertation pour accompagner la prise de décision du mieux qu’on peut. Nous faisons notamment partie des instances locales de démocratie sanitaire comme les sept Conseils territoriaux de santé en Bretagne qui réunissent malades, élu.es, médecins et associations environnementales. Pour nous, il s’agit d’agir du côté de la prévention. Car la prévention et la question environnementale sont indissociables.
Nous nous sommes aussi impliqués dans le plan Ecophyto, en travaillant étroitement avec le monde agricole : les GAB* [*groupements d’agriculteurs biologiques], la FRAB*[*fédération régionale des agribiologistes de Bretagne], les Civam*[*Centres d’initiatives pour valoriser l’agriculture et le milieu rural], la Confédération paysanne. Les récentes annonces gouvernementales annonçant la mise en pause du plan Écophyto marquent un recul inacceptable pour la santé humaine comme pour l’environnement.
Enfin, une fois qu’on a informé, sensibilisé et participé à la décision publique, nous pouvons mener des actions devant les tribunaux. Cela, nous le faisons en dernier recours, lorsque nous estimons que les décisions ne vont pas dans le bon sens. Plusieurs de ces combats ont été couronnés de succès : contre Monsanto et sa publicité mensongère pour le Roundup, contre la carence fautive de l’État concernant le phénomène des marées vertes ou encore contre l’Agence régionale de santé sur la qualité des eaux de baignade.
Quels liens faites-vous entre l’usage des pesticides, la qualité de l’eau, l’agriculture et l’alimentation ?
En tant que chargée de mission santé environnement, je passe la plus grande partie de mon temps sur la question des pesticides. Un exemple marquant et très en lien avec l’actualité récente, c’est la contamination de l’eau potable.
On s’est aperçu en 2021 que l’eau potable, celle qui arrive au robinet, celle que nous buvons, était polluée par des résidus d’un désherbant, le S métolachlore. Cela faisait déjà plusieurs années que les cours d’eau étaient contaminés. La contamination de l’eau a montré toutes les limites de l’usage des pesticides et l’insuffisance des protections mises en place.
L’eau est un élément vital. La seule agriculture certifiée qui n’utilise pas de désherbant, c’est l’agriculture biologique. À partir du moment où on veut protéger ce bien commun vital, il faut absolument qu’on arrête l’usage de ces pesticides de synthèse dans les périmètres de captages. Les agriculteurs bio savent le faire.
Nous sommes capables de produire une alimentation de qualité sur notre territoire, bonne pour la santé et la biodiversité. Et cette agriculture, elle n’utilise pas de pesticides de synthèse.
Le 22 mars, c’est la Journée mondiale de l’eau : si vous aviez un message à faire passer, quel serait-il ?
J’inviterais tous les consommateurs à s’intéresser à leur eau du robinet. D’où vient-elle ? Comment est-elle protégée ? Chaque consommateur d’eau est légitime à avoir un avis sur la manière de la protéger. À Eau et Rivières, nous disons souvent : « On ne protège bien que ce qu’on connaît bien ». Cela nous guide chaque jour dans nos actions afin de faire connaître le milieu naturel et donner l’envie de le protéger.