De la vie dans les champs, c’est la garantie d’une agriculture et d’une alimentation bonne pour la planète et l’humanité. Préservation de la biodiversité et lutte contre les pesticides sont les deux faces d’un même engagement, celui d’un avenir qui met le vivant au cœur.
Ce n’est pas nouveau mais ce n’est pas réjouissant, nous faisons face à l’une des manifestations les plus inquiétantes de la crise de la biodiversité : l’effondrement des populations d’insecte. Depuis les années 90, la chute de la biomasse des insectes volants avoisine les 80 %. Et le phénomène ne fait que s’accélérer.
Le consensus scientifique est large pour affirmer l’impératif qui se présente : transformer profondément nos systèmes agricoles et alimentaires pour enrayer l’écroulement des insectes et de toutes les formes de vie qui en dépendent.
Mais au-delà des insectes, préserver le vivant de manière générale – animaux, végétaux, champignons… – est essentiel à la santé de l’humanité.
De la vie dans nos champs
Mais pourquoi les petites bêtes sont-elles si importantes pour notre agriculture ? Et bien tout simplement parce qu’elles sont de précieux alliés des agriculteurs et agricultrices qui nous nourrissent. L’Inrae [Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement] l’affirme, « la biodiversité est essentielle à la résilience des écosystèmes, à la sécurité alimentaire et à la santé. C’est un patrimoine précieux et un bien commun qu’il faut préserver pour elle-même, mais aussi pour les services écosystémiques dont dépendent les sociétés humaines. »
Prenons l’exemple des coléoptères, qui rassemblent entre autres les scarabées (qu’on adore !), coccinelles, cétoines et autres chrysomèles… Au-delà de leurs couleurs chatoyantes ou de leurs antennes parfois impressionnantes, ces insectes sont de formidables pollinisateurs. En transportant les grains de pollens des étamines (organes mâles des plantes) vers les pistils (organes femelles), ils contribuent de manière cruciale à la reproduction des plantes.
Et lorsque l’on sait qu’à l’échelle européenne, 84 % des espèces végétales cultivées dépendent directement des insectes pollinisateurs, on se dit qu’il y a là un enjeu majeur à les protéger.
C’est la petite bête qui mange qui mange
Et sous terre ? Il n’est pas inutile de savoir que les sols abritent un quart de la biodiversité mondiale. Les vers de terre structurent le sol en créant un complexe argilo humique favorable et garantissent ses capacités d’infiltration des eaux de pluie. Ils sont essentiels à la qualité des sols qui nourrissent les plantes qui nourrissent les humains. On comprend bien pourquoi, à l’image de Thierry Hinry, maraîcher de la ferme de la Cossonière à Servon-sur-Vilaine, certains agriculteurs bio bannissent le labour qui condamne mécaniquement les lombrics.
Quant aux bactéries et champignons, ce sont également de précieux alliés pour les agriculteurs et agricultrices. Ces « ingénieurs chimiques », en dégradant la matière organique, permettent de maintenir une bonne qualité du sol qui nourrit la plante. Les agriculteurs bio ne l’ont pas oublié, un sol vivant, c’est un sol fertile !
Il y a enfin la petite faune qui se nourrit des ravageurs. Indispensables pour se passer de pesticides, les petites bêtes qui mangent les plus petites bêtes, on aime bien ! Si les paysannes et paysans maintiennent ou replantent des haies bocagères et des bandes fleuries, installent des mares et des nichoirs, c’est pour assurer le gîte et le couvert à ces auxiliaires qui se nourrissent des ravageurs. La logique est simple : si l’on accueille le perce-oreille, la larve de coccinelle ou de chrysope, ils préserveront les arbres fruitiers des pucerons. Si l’on accueille le rouge-gorge, le hérisson ou le triton marbré, ils nous préserveront des dégâts des limaces, si l’on accueille la couleuvre à collier elle nous préservera des mulots et campagnols, si l’on accueille la pipistrelle, elle engloutira chaque nuit 3000 insectes…
Paysans de nature
Favoriser la biodiversité sauvage sur les fermes, c’est aussi le rôle du réseau national Paysans de nature. Cette association constituée notamment d’un réseau de paysannes et paysans favorisant la biodiversité sur leur ferme, ambitionne de développer les espaces naturels agricoles protégés grâce à l’installation paysanne.
Protéger l’environnement en faisant des agriculteurs et agricultrices les acteurs principaux, c’est une idée qui coule de source… du moins dans les réseaux qui défendent une agriculture paysanne, biologique, à taille humaine !
En organisant des formations et stages sur les fermes associées, en animant un réseau croisant agriculteurs et agricultrices, naturalistes et citoyen.nes, en partageant les ressources sur les questions foncières, Paysans de nature permet à la biodiversité sauvage de reprendre pas à pas ses droits.
Pesticides non merci !
Qu’ils pollinisent, décomposent la matière organique ou préviennent les infestations de ravageurs, les auxiliaires naturels jouent un rôle primordial et sont une des clés qui permettent aux agriculteurs biologiques de se passer de pesticides.
Les herbicides, insecticides et fongicides sont parfois très toxiques pour la nature et la santé humaine. En agriculture biologique, leur nombre est extrêmement limité : son principe est de s’adapter au potentiel naturel des sols et des écosystèmes et non l’inverse. Car comme le rappelle la FNAB [Fédération nationale d’agriculture biologique], « en n’artificialisant pas la production, l’agriculture biologique limite le besoin de soigner les plantes et les animaux. En travaillant sur l’immunité et les défenses naturelles, l’agriculture biologique agit en préventif et non en curatif. »
Car les pesticides font des ravages. Ils intoxiquent, appauvrissent, détruisent les sols, les entraînant dans une boucle vicieuse qui les rend infertiles. En contaminant l’eau, l’air et les sols, ils intoxiquent également les paysan.nes et voisin.es des champs traités. Et puis au bout de la chaîne, les mangeurs et mangeuses que nous sommes. Au côté des acteurs de l’agriculture biologique et paysanne qui œuvrent au quotidien pour nourrir les hommes et les femmes en se passant de pesticides, des associations de défense des victimes se battent pied à pied pour faire reconnaître les préjudices extrêmes de l’usage de ces produits toxiques.
La production alimentaire fait partie d’un écosystème global à protéger, et l’agriculture biologique est un pilier essentiel de la biodiversité. En la protégeant, les agriculteurs et agricultrices qui vous nourrissent contribuent à façonner le monde vivant, bien vivant. Leur permettre de poursuivre ce précieux objectif, c’est tout le sens que nous donnons à notre mission de scarabée. Et nous ne sommes pas près de nous arrêter !