C’est la saison des semis et des plantations. Christine, de la pépinière Le Jardin d’herbes fournit Scarabée depuis 20 ans. Elle nous livre ses conseils pour réussir son potager.
Vous êtes productrice de plants à Bazouges la Pérouse, à partir de quand peut-on installer ses plants au potager ?
Contrairement aux idées reçues, on jardine tout au long de l’année. Début mars, on commence à implanter des plants. Et on poursuit jusqu’au mois de juin. Les mois de juillet et août sont plus des mois de récolte. Et puis on reprend les plantations en septembre et octobre, le moment de planter des salades et de se faire des réserves pour l’hiver.
En novembre, c’est le repos du jardinier. Et de la terre qui se laisse travailler « toute seule » par les vers de terre et les petits organismes qui décomposent les végétaux pour produire de la matière organique. Les feuilles mortes sont digérées par les vers de terre et deviennent alors assimilables par les racines des plantes. Et la terre peut reconstituer ses réserves.
Avec le printemps qui arrive, on a envie de retourner au potager : aujourd’hui qu’est-ce qu’on plante ?
En avril, on plante tout ce qui est aromatiques et aromatiques vivaces qui ne craignent pas le froid : thym, mélisse, origan, ciboulette, persil, coriandre, menthe… En fonction de ses envies aussi. La menthe poivrée, qu’on reconnaît à sa tige noire, est plutôt à utiliser en infusion, pour accompagner la mousse au chocolat ou faire ses sirops maison, tandis que la menthe marocaine a un goût un peu sucré et est plutôt à utiliser pour le thé ou le taboulé. Il faut savoir aussi que les plantes s’adaptent à leur terroir. Avec un terrain sableux, elles seront beaucoup plus aromatiques que dans des terres lourdes. C’est d’ailleurs pour cette raison que le thym sauvage de garrigue est plus parfumé que celui que l’on cultive ici. C’est aussi pour ça qu’un bouquet de menthe acheté dans le commerce et qui a pu pousser sous serre est beaucoup moins parfumé que celui qu’on va récolter dans son jardin.
Et puis au mois de mai arrivera le basilic tant attendu. On a hâte mais il faut encore être un peu patient pour pouvoir le laisser dehors. En mai, on va planter aussi les salades. J’aime bien recommander les salades à couper : le pied reste en terre et on ne prélève que ce dont on a besoin. La plante continue à pousser et à produire des feuilles qu’on consomme au fur et à mesure. C’est la laitue cressonnette marocaine, ou bien la roquette et la mizuna par exemple.
Il faut aussi découvrir la pimprenelle, une plante vivace à la saveur de concombre !
Et les tomates, on peut les planter dès maintenant ?
En avril on peut mettre en terre les plants de tomates, à condition de les mettre sous serre. Sinon, il faudra attendre le mois de mai et le passage des saints de glace. Ce n’est pas une bonne idée de conserver les plants chez soi derrière une baie vitrée jusqu’au mois de mai. Quand on achète un plant de tomate, il faut le planter tout de suite pour ne pas mettre la plante en souffrance.
Nous avons trente-cinq variétés de tomates dont une dizaine de tomates cerise ou cocktail et cinq variétés de cœur de bœuf. Des tomates, il y en de toutes les couleurs, des rouges, des oranges, des bleues, des roses, des noires et aussi des zébrées, des mouchetées…
Mes deux coups de cœur sont la Raisin vert et l’Olirose. Ce sont deux variétés de tomate cerise. La Raisin vert a une saveur particulière, avec le juste équilibre entre acidité et sucré. Elle dégage le vrai parfum de la tomate. L’Olirose a une couleur très appétente et elle est très productive. On pourrait dire que c’est une mini cœur de bœuf, très ferme, avec peu de pépins. Et elle est aussi bien à consommer en salade qu’à croquer comme ça.
Ce qui me plaît, c’est de faire découvrir des variétés que les jardiniers ne connaissent pas toujours. On sort des sentiers battus, des classiques, de la Marmande ou de la Saint-Pierre cultivées par nos grands-parents, qui ne sont d’ailleurs pas toujours les meilleures. Et puis ça ouvre aux couleurs dans l’assiette et surtout à la biodiversité. Le jardinage, cela va de la graine à l’assiette. Et ça fonctionne grâce à la richesse des échanges.
Et pour planter, on s’y prend comment ?
Nos plants sont cultivés et vendus en godets biodégradables composés essentiellement de fibre de bois. Il suffit de les mettre en terre directement avec le pot. Les racines passent facilement au travers. Cela limite le stress de la plante au moment de la manipulation. Et cela limite aussi les déchets de plastique.
Je voudrais préciser aussi que tous nos plants issus de semences reproductibles. Cela veut dire que les jardiniers peuvent laisser monter en graines et récolter pour resemer la saison suivante. Ou offrir des graines à ses voisins !