Yves, la quarantaine, tenue de cycliste et casquette vissée sur la tête déboule dans la ferme sur un vélo cargo. Il pédale tant qu’il peut dans sa campagne rennaise, à Montreuil-le-Gast. Une façon pour lui d’avancer, dans tous les sens du terme. « Le challenge est partout, dans nos déplacements, dans notre alimentation, dans l’énergie que nous consommons… » Et autant dire que celui-là, est du genre à prendre les choses à bras de corps… «Sinon, on s’ennuie».
Des yaourts chauffés…grâce aux vaches !
Sur la ferme désormais, des panneaux photovoltaïques alimentent les équipements électriques, la mini station de méthanisation installée sur la fosse à lisier permet d’alimenter en gaz le circuit de chauffage de la ligne de production « finalement mes yaourts sont chauffés à la bouse de vache ! ». Et, l’eau qui refroidit les circuits est, ensuite réutilisée, pour abreuver le troupeau et celle de pluie sert à nettoyer les quais de la salle de traite. Qui dit mieux en matière d’économie circulaire ?
Ici, on se creuse les méninges et on va chercher la p’tite bête sous les grosses pour, sans arrêt, gagner en autonomie et en logique. La remise en question, ici ce n’est pas de la veille qu’on la pratique. « On a entamé la conversion en 98 pour être certifiés en 2000, avec mes parents », relate Yves. Le bio ? Une opportunité pour la famille d’avoir enfin une vraie reconnaissance du métier. « Même si au début, dans le coin, ça faisait doucement rire… Les agriculteurs disaient : « quand ils n’auront plus que du coquelicot dans leur champs ils arrêteront ! »
Vingt-cinq ans plus tard, Yves est fier de dire que la ferme familiale a vécu plus longtemps en bio qu’en conventionnel. Si la conversion s’est faite conjointement avec ses parents, la transformation du lait, c’est lui qui l’a introduite : « J’adore l’élevage, mais je ne voulais pas faire que ça. » Après une formation pro à Rennes, il attaque les yaourts, les fromages blancs… et le riz au lait, le célèbre, celui de sa maman. « Moi j’adore ça, donc je voulais me faire plaisir. » Visiblement, il n’y a pas que lui qui se régale dans l’histoire, car le riz au lait est aujourd’hui le produit phare de la ferme.
Les années Scarabée
Yves égraine ses souvenirs, la grosse marmite pour préparer le riz au lait, les premières livraisons dans sa Renault 21 équipée de glacières, les pots qu’il remplissait seul au pichet, puis l’arrivée de la restauration collective friande de yaourts locaux.
« Avec ça, on a pu augmenter les volumes et s’équiper un peu mieux. » C’est là, se souvient Yves, qu’il est contacté par Scarabée, il y a 18 ans. Au bon moment. Ses yaourts et desserts avaient déjà fait mouche dans les cantines et magasins de producteurs du coin.
« Tout s’est fait naturellement », se souvient Yves, un brin nostalgique. Aujourd’hui à la tête d’une équipe de 12 personnes, il évoque les premières années Scarabée seul aux commandes. C’est moi qui faisait les livraisons ! Une à deux fois par semaine, j’allais à Cesson, Saint-Grégoire, Cleunay. Les équipes me connaissaient, et quand j’étais carrément à la bourre je leur téléphonais pour qu’ils me préparent un petit sandwich ! »
Fervent militant
Si aujourd’hui le P’tit Gallo a bien grandi, Yves n’oublie pas les bons coups de pouce de Scarabée. « Quand j’ai eu l’opportunité de vendre sur la plateforme Biocoop, c’est le référent frais de chez Scarabée qui m’a prêté main forte. On est partis en tournée tous les deux faire goûter mes fromages blancs partout en Bretagne pour voir si le produit marchait ! »
En créant avec quatre autres paysans laitiers « Invitation à la ferme », un groupement permettant de mutualiser les services et les achats (partage des achats du sucre, du conditionnement, service marketing…), qui regroupe aujourd’hui 40 producteurs en France, Yves a conscience d’être entré dans la cour des grands. En élargissant ses zones de chalandise, il a acquis une notoriété qu’il ne boude pas, surtout quand il s’agit d’un riz au lait de maman. Et c’est justement cette notoriété qui lui permet de rester debout, malgré la tempête et de travailler sur l’avenir. « J’ai une équipe de production qui gère bien aujourd’hui, et ça me permet moi de progresser sur des points bien particuliers. Quand on voit cette année l’explosion du prix du gaz, je suis bien content de ne pas avoir eu à acheter de méthane. Je reste un fervent militant. »
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