Faire du pain bio à la base n’était pas vraiment dans vos plans. Et pourtant…
Yves et Rose : “En effet, on était tous les deux dans des métiers différents : l’industrie et la médecine. C’est quand ces postes nous ont imposé d’aller à Paris que l’on a décidé de changer de cap. On voulait vivre dans un milieu rural. La question s’est donc posée de ce que nous allions bien pouvoir faire… Nous avons songé à l’épicerie. Et en creusant, nous nous sommes dit que ce qui subsistait toujours dans les villages, c’était les boulangeries ! Yves a donc passé trois week-ends avec un boulanger pour s’essayer au métier puis il a intégré l’Institut national de la boulangerie pâtisserie de Rouen. Après quelques expériences dans différentes boulangeries, on a eu envie de s’installer vraiment et de trouver un lieu au coeur d’un village breton. Il y avait vraiment cette volonté de redynamiser un petit bourg. Fin des années 1990, nous avons eu la chance de rencontrer le maire de Saint-Didier, ravi par l’idée qui nous a accompagnés pour trouver le local, construire le four à bois et nous installer comme locataires dans sa commune.
Et comment votre petite boulangerie de village a croisé la route de Scarabée ?
En fait, notre boulangerie fonctionnait bien, mais notre pain bio n’attirait pas les clients. Or, pour nous, c’était quand même l’objectif ! Nous sommes donc allés voir Scarabée à Cesson en 2001 pour leur faire goûter ce que l’on faisait. Ça a tout de suite plu car il n’y avait pas encore ce type de pain artisanal, cuit au feu de bois, dans les rayons de la coopérative. Cette collaboration s’est rapidement mise en place : on nous a pris notre pain, il s’est bien vendu et on a continué à approvisionner les différents magasins au fur et à mesure de leurs ouvertures. Ce débouché nous a permis de sauter le pas et de pouvoir atteindre notre objectif : faire du pain bio uniquement et le vendre ! En 2005, nous nous sommes installés à Hédé-Bazouges pour nous consacrer à cette activité et nous avons commencé à fournir d’autres Biocoop (Combourg, Saint-Malo….) Scarabée a joué le jeu et est resté fidèle malgré notre éloignement. En parallèle, nous avons gardé une toute petite boutique sur notre ferme pour vendre notre pain en direct. Ce moment-là correspond à une prise de conscience globale sur la bio, il y avait moins d’appréhension des consommateurs sur ce mode de consommation, nous avons eu la chance de nous inscrire dans ce mouvement là.
Vous avez livré votre pain pendant plus de 20 ans à Scarabée, quel est le secret de cette longévité ?
On a jamais eu de contraintes, on ne nous a jamais demandé de changer de recette, on nous a fait confiance ! Et le lien que nous avons avec les magasins a toujours été entretenu. Depuis le début de l’aventure, nous avons tenu à livrer notre pain nous-mêmes chaque semaine, c’est ce qui nous a permis de toujours rester en contact et de capter les retours sur nos produits en direct. Globalement, ces retours étaient toujours très encourageants ! On a d’ailleurs souvent eu des gens de passage dans le coin qui venaient nous rendre visite parce qu’ils achetaient notre pain à Rennes et qu’ils voulaient venir voir où il était fait. Et on prenait
plaisir à leur présenter notre activité. Notre particularité, c’est de travailler avec un four chauffé au bois qui restitue une chaleur “tombante” apportant une croûte épaisse, craquante et très appréciée ! Quant à notre levain, on a le même depuis le départ, on en prend soin tous les jours en le rafraichissant avec un peu d’eau et de farine. On l’emmène même en vacances, c’est presque un
membre de la famille ! Avec toutes ses années, il a atteint une maturité qui lui donne un goût particulier. On a essayé de refaire d’autres levains, mais ça n’a jamais donné un aussi bon résultat ! Si les livraisons chez Scarabée sont terminées, la boutique elle, reste ouverte une petite année dans l’espoir de trouver son ou sa futur.e repreneur ou repreneuse…
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