Difficile de croire que les pommes de terre que vous achetez chez Scarabée Saint-Grégoire poussent à seulement quelques encablures de cette zone commerciale qui parait sans fin. C’est pourtant à 5 km que le couple Gabillard cultive en pleins champs ses légumes pour Scarabée sur sa ferme de 25 hectares.
Les enfants, le déclic
Installé sur la ferme familiale en 92, Jean-Paul ne traine pas à sauter le pas de la conversion en 1997. « C’est un peu comme pour les clients de Scarabée, beaucoup se sont tournés vers le bio en ayant leur premier enfant. Moi, c’est la même chose, mais côté production… Je n’étais pas à l’aise avec l’utilisation des pesticides. J’ai rapidement voulu arrêter dès la naissance de mon premier. » Avec la maison installée au milieu des champs, on le comprend.
Ici, poussent et ont toujours poussé pommes de terre, navets, panais, courges et une splendide collection de choux. Des légumes commercialisés depuis 99 via le Giraumont, un
groupement de trois fermes du secteur, le GAEC Rocambole (remplacé aujourd’hui par le Coucou), Le Chêne et la chouette et lui-même. « Nous nous sommes associés pour distribuer nos légumes via un système de ventes de paniers et sur le marché », présente
Jean-Paul. Un rapprochement qui lui permet également de mettre un pied chez Scarabée.
« A cette époque-là, Rocambole livrait déjà chez Scarabée, et nous a fait savoir qu’ils recherchaient de nouveaux producteurs. » C’est ainsi que Jean-Paul, bien vite rejoint par son épouse Delphine sur la ferme poussent la porte des magasins. Ils ne l’ont depuis, jamais
refermée.
La magie du direct
« Avec Scarabée, on a un peu grandi ensemble…, lâche Jean-Luc, on a démarré tout petit. Eux aussi. Il y a 24 ans, il n’y avait n’avait que deux magasins, Cesson et Cleunay et le restaurant. On n’avait pas la gamme qu’on a aujourd’hui ! » Et c’est en étroite collaboration avec Scarabée que le couple Gabillard s’est mis à semer pour élargir sa gamme de légumes, les choux notamment qui manquaient en local. « Il y a toujours eu ce contact direct avec les responsables fruits et légumes, ils me disaient de quoi ils manquaient et moi je commençais une culture. Plutôt que d’aller acheter sur la plateforme, ils avaient tout intérêt à passer en direct et moi aussi ! » Du donnant donnant.
« Nous étions au départ cinq ou six producteurs se souvient Jean-Paul, on se connaissait tous, on se croisait lors des livraisons. Et les ventes ont bien progressé, alors que la bio prenait de l’ampleur, Scarabée s’est développé et à ouvert d’autres magasins », relate Jean-Paul.
La planification, un outil au service du collectif
En 2006/2007, ils ne sont plus quatre ou cinq mais une dizaine de producteurs locaux à s’installer en bio et à approvisionner Scarabée… Vient donc en tête de ce producteur et des équipes de Scarabée l’idée d’organiser la production, au global. « Plutôt que de produire chacun dans son coin, sans savoir ce que les autres allaient faire et de prendre le risque de ne pas pouvoir écouler, on a mis en place un système de planification », détaille Jean-Paul.
Concrètement : un bon gros tableur réunissant tous les magasins et tous les producteurs de légumes et affichant la projection de production de chacun et la livraison pour chaque magasin.
« Aujourd’hui, on est une trentaine de producteurs à fonctionner sur ce système qui est beaucoup plus transparent, c’est vachement plus simple de travailler comme ça. On sait tous où on va. Si j’arrête ma production de salade, je peux le faire tranquille car je sais que quelqu’un va reprendre derrière. Ça nous permet aussi de nous dépanner entre nous », décrit Jean-Paul.
Un système qui a visiblement faire ses preuves puisqu’il est désormais utilisé à l’échelle de Biocoop. Il n’y aura pas goûté longtemps, mais le producteur l’assure : « Il n’y a pas cette relation de construction mutuelle quand on est en conventionnel. » Et puis… il l’avoue, il prend toujours un réel plaisir à faire ses courses chez Scarabée après avoir livré. « Il faut voir comment les équipes mettent en valeur nos légumes en rayon ! Il y a de quoi être fier de ce que l’on produit dans ces conditions. »
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